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L’équipe de France de rugby adopte un nouveau cadre strict : alcool banni, débordements sanctionnés…

Mardi 29 octobre, il y avait des airs de début et de fin de cycle du côté du Centre national du rugby (CNR) de Marcoussis (Essonne). Sous les projecteurs de leur terrain d’entraînement, les 42 joueurs appelés par le sélectionneur Fabien Galthié ont participé à une première séance d’entraînement – à l’exception des Toulonnais et Toulousains, ménagés après s’être affrontés dimanche soir – pour préparer la tournée d’automne des Bleus, qui débutera face au Japon, le 9 novembre, au Stade de France de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
A l’occasion de ce rassemblement, le rugby français veut surtout mettre un terme à la mauvaise passe dans laquelle il s’est englué, et redorer son blason après les événements de l’été. La tournée en Amérique du Sud d’un XV de France remanié s’est ainsi surtout résumée aux affaires extra-sportives, des propos racistes de Melvyn Jaminet – lui ayant valu une suspension de trente-quatre semaines – aux accusations de viol aggravé dont font l’objet le deuxième-ligne Hugo Auradou et le troisième-ligne Oscar Jégou, 21 ans tous les deux.
Pour passer à autre chose et éviter une rechute, un « plan de performance renforcé » a été mis en place comme l’a indiqué la Fédération française de rugby (FFR) mardi, en début de journée. Autour de « 20 actions concrètes », il a quatre objectifs affichés : « renforcer l’exemplarité », « accompagner les sportifs », « renforcer le cadre de vie de l’équipe de France » et la mise en place « de dispositifs de sanctions ».
« Ce cadre était nécessaire, c’est une évolution logique et cohérente par rapport à ce qui s’est passé cet été », explique Fabien Galthié, présent en conférence de presse pour évoquer ce sujet. D’ordinaire amateur de longs monologues quand une question lui est posée, l’ancien demi de mêlée s’est cette fois montré assez peu loquace, à l’exception de certaines questions se rapportant au sportif.
« Le passé est derrière nous, il y a eu un avant Mendoza [en Argentine, où les faits divers ont eu lieu durant l’été], et il y aura un après, a poursuivi le sélectionneur. Ce qui nous intéresse c’est la tournée d’automne, les trois matchs. Nous avons une vision de trois ans vers l’Australie [lieu de la prochaine Coupe du monde, en 2027]. »
Pour avoir plus de détails sur « ce plan renforcé », il fallait plutôt se tourner vers Jean-Marc Lhermet, assis à la droite du technicien lotois. Le vice-président de la FFR est notamment revenu sur les nouvelles règles mises en place à propos de l’alcool. Un sujet devenu un thème récurrent durant la dernière campagne à la présidence de la FFR. « Ce n’est pas la troisième mi-temps qu’il faut interdire, mais la quatrième et la cinquième » avait notamment déclaré au Monde Florian Grill, quelques semaines avant d’être réélu.
« Concernant l’alcool, c’est assez clair. Il ne sera plus autorisé sur les lieux de performance, ceux où les joueurs développent leurs capacités. Cela concerne par exemple le CNR, les stades et notamment les vestiaires », explique Jean-Marc Lhermet. L’ancien troisième-ligne ajoute que des contrôles seront mis en place au sujet de l’alcool et des stupéfiants, pour « éviter des dérives », même si rien n’est défini pour l’heure.
Ces nouvelles règles se veulent moins permissives que jusqu’alors. Les personnes « extérieures à la délégation officielle ou à leur famille » ne seront ainsi plus reçues que « dans les pièces communes » des sites d’hébergement des équipes de France – pas seulement le XV de France – comme le mentionne le communiqué.
« Ce plan n’est pas tombé du ciel, il a été construit avec les parties prenantes du rugby, que ce soit des joueurs, joueuses, entraîneurs et dirigeants », ajoute Jean-Marc Lhermet, évoquant le fruit d’une réflexion de deux mois, depuis le lancement d’« états généraux du rugby » fin août. Chaque joueur amené à porter le maillot du XV de France devra ainsi signer la nouvelle charte. « Il n’y a pas de changement radical, c’est une évolution », résume l’ancien joueur de Clermont.
Plus de règles, mais aussi davantage de garde-fous. Un protocole de sanction a été mis en place, avec une gradation en fonction de la gravité de la faute commise. Les primes seront par exemple indexées sur les « comportements individuels et collectifs », comme cela est précisé dans le communiqué. « Les sanctions éventuelles feront l’objet d’évaluation par différentes personnes du staff, complète Jean-Marc Lhermet. Mais nous avons bon espoir à la suite de tous nos échanges de ne pas avoir à gérer ce type de problème. »
Reste désormais à savoir comment ce nouveau cadre de vie va influencer les performances du XV de France d’Antoine Dupont – réinstallé lundi dans son fauteuil de capitaine, après une année de césure olympique pour jouer avec l’équipe de France de rugby à VII. « Ce que nous attendons tous, au niveau des joueurs et du staff, c’est de jouer au rugby », affirme Fabien Galthié, visiblement le plus décidé à laisser derrière lui les événements de l’été. Lui a encore d’autres soucis, alors que son équipe de France a peiné lors du dernier Tournoi des six nations.
Valentin Moinard
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